Je pleure

Elle va partir et je pleure

Sa fierté

Comme un mur qui l'entoure

Son incapacité à m'aimer

Elle va partir et je pleure

Notre désamour

Notre mépris mutuel

Celui qui creuse des ravins

Je pleure ce qui n'a pas été

Je pleure cette relation déficiente

Cette maman que je n'ai pas eue

Et dont je me suis passé

Je pleure sa dépendance

À un mari exclusif

Auquel elle s'est dévouée

Jusqu'à la confusion

Je pleure cette femme

Qui a vécu dans l'ombre

Qui n'a pas trouvé

De chemin vers la lumière

Je pleure ma mère

Celle qui m'a mise au monde

Comme ce vilain petit canard

Qui se sentait étranger à ses frères

Je pleure ces années sombres

Où je me débattais

Sans trouver ma place

Je pleure la révolte qui a émergé

Je pleure ma mère qui va partir

Sans savoir qu'elle va mourir

Sans un au-revoir de ses proches

Sans la tendresse de ses enfants

Je pleure cet homme qui

Comme une sangsue

S'accroche à elle

Et s'admire à travers elle

Je pleure la fratrie déchirée

Je pleure les douleurs fraternelles

Je pleure les blessures

Issues de cet amour dévoyé

Elle va mourir

Et je pleure

17 septembre 2018

Comments

[Sebastien CORNUT]

Il y a un peu d'universel dans ce poème.

[Sylviedam]

Je n'ai pas de mots... que de la compassion. Te dire que tes amis sont là, dans l'ombre...