Un hiver en couleur
C'est avec beaucoup de bonheur et d'émotion que je partage avec vous les mots d'un ami cher, un poète disparu qui savait entrelacer les mots et les images avec intelligence et délicatesse... Son chien Flip l'accompagnait dans ses promenades, et inspirait aussi sa plume...
Hier j’ai surpris les buis en train de roussir du bout des feuilles
Et même un petit érable déguisé en arbre d’automne…
Alors, j’ai pensé que le long hiver rampait quelque part
Et qu’il serait précédé de laideur comme le rideau gris
Mais qu’un matin, soudainement
Un manteau blanc habillerait la forêt
J’ai pensé aussi, que pour revêtir sa parure de noce
La forêt, pudique, se vêtirait de brouillard
Et que ce manteau peut-être me serrerait le cœur…
Flip est de nouveau là, le souffle un peu court…
Il faut rentrer, voilà une heure que nous rêvons
Lui aux papillons et à la rosée
Et moi aux successions étranges des ombres et des lumières
Des étincelles de bonheur et des rideaux gris
Et aussi à cette espérance têtue qui permet à quiconque la cultive
D’arriver au printemps…
Courage…
Il va le déchirer ce rideau gris
Et tisser une vie en couleur
En attendant
Réjouissez-vous d’une goutte d’eau sur une feuille
Et de la gloire du canal bordé de roux
Date d’aujourd’hui, car hier n’existe plus, et demain pas encore…
Cette lettre n’est qu’une collection d’instants qui nous conduisent à l’Éternité…
Jean Comtesse