Au soleil, sous la pluie
Triste pluie qui me regardes de tes yeux humides
Les toits luisent et reflètent le ciel grisâtre
Les oiseaux piaillent, désappointés.
Tu as effacé ce ciel si bleu
Les humains qui s’offraient au soleil sur les pelouses du grand parc
Se sont réfugiés dans les cafés, ou bien chez eux
Quelques silhouettes, les épaules rentrées, blotties sous leurs parapluies
Marchent à pas pressés
Demain peut-être, le vent te chassera vers d’autres contrées
Et le soleil luira de nouveau
L’air sera sain, car la poussière des murs, des maisons, des autos
se sera déposée dans les caniveaux
Je pourrai alors sortir, légèrement vêtue
et apprécier la douce chaleur du bel astre rayonnant
Soleil je t’aime !
Je t’ai aimé lorsque, me promenant sur les collines de l’été grec
Tu m’as fait ressentir la densité de notre planète
Le vent soufflait
Dispersant la chaleur qui aurait été suffocante
La mer s’étalait au pied des collines
Par ton rayonnement, tu offres la limpidité
Je sens alors que j’existe, là, à ce point précis de la planète terre
Et que cette planète fait partie d’un tout qu’est l’univers
C’est ainsi que je peux sentir ce qu’est l’espace et ce que nous sommes
Nous les humains qui vivons sur cette planète que nous modelons
Que nous transformons pour recréer notre monde
La société que nous fabriquons ne peut me faire goûter
De la paix intérieure, de la douce joie qui m’envahissent lorsque je suis seule
Sur une colline ou sur un mont
Et que seuls les bruits du vent, de la mer, des animaux, de l’air
De la neige qui craque, du fruit qui tombe, me sont offerts
Je t’aime aussi soleil lorsque tu disparais
Et que la lune parvient alors à nous signifier ton existence
Lune à laquelle je souriais
Marchant lentement la tête levée
Dans ce paysage enneigé de janvier
J’étais bien, heureuse d’être là avec la lune qui me regardait
Et lorsque les nuages te cachent à notre vue
Je t’aime encore soleil
Car la pluie, cette triste pluie
Modifie l’aspect et l’odeur des choses et des êtres
Londres 23 mai 1980